Thomas Roeland, le jeune carillonneur, montre la ritournelle de Saint-Piat.
Le clocher de la collégiale de Saint-Piat a été mis à l’honneur samedi 22 mai lors de la Journée du Clocher, un événement lancé en 2015 par le Conservatoire Européen des Cloches et Horloges (CECH) pour promouvoir la sauvegarde des clochers de France.
Malgré la pluie et le vent, les visiteurs ont découvert le magnifique carillon de 42 cloches qui abrite le clocher de la collégiale grâce au jeune carillonneur Thomas Roeland. Le tout organisé par l’Office de Tourisme de Seclin et Environs.
Passionné d’art campanaire, Thomas a émerveillé les visiteurs en dévoilant le mécanisme du carillon, composé d’un clavier de quarante-et-une manettes et vingt pédales.
« Ce qui fait la différence entre le carillon de Saint-Piat et la reste, c’est sa ritournelle », explique Thomas. « Elle fonctionne comme une boîte à musique ».
Détail de la ritournelle.
Cette ritournelle, un cylindre en acier où sont fixés des taquets, permet au clocher de jouer Mandoline d’Oiseaux ou J’ai du Bon Tabac en l’absence du carillonneur. « Nous devons préserver le patrimoine du clocher de Seclin. Sa valeur sonore est unique » confie Thomas.
De l’ancien au nouveau clocher
Le clocher de la collégiale est un témoin privilégié de l’histoire de Seclin depuis 1597. Des cinq cloches originelles, il n’en reste que trois actuellement (au niveau de l'autel de la collégiale), celles qui furent épargnées de la fonderie durant la Première Guerre Mondiale. Puis les militaires allemands n’hésitèrent pas à dynamiter l’édifice en 1918, donc le clocher que nous voyons actuellement est une reconstruction.
A l’initiative des Seclinois et Seclinoises, les 42 cloches du nouveau carillon furent commandées en 1933 ; elles ont été réalisées par la société anglaise Gillett & Johnston. Le premier concert de l'instrument eu lieu le Jour de l’Armistice, un événement plein d’émotion après une époque si difficile pour la commune. Mais la Seconde Guerre Mondiale ne tarda pas à arriver, et avec elle, le silence ; le carillon ne joua plus ses airs durant la totalité du conflit.
Le peuple de Seclin avait cependant appris la leçon depuis la dernière guerre. A l’abri de la nuit, ils démontèrent 29 cloches sous la barbe des nazis et ils les gardèrent dans un hangar jusqu’à la Libération.
Voici les noms des plus imposantes : Piat (2 085 kg), Eloi (860 kg), Eubert (620 kg) et Marie (460 kg). Au total, l’ensemble compte trois octaves et son poids se situe au de-là des 7 tonnes. Thomas se sert des manettes pour jouer les cloches situées sur la partie supérieure ; les pédales actionnent celles qui sont au-dessous. Il transmet sa passion aussi sur YouTube, où il est bien connu comme le « Carillonneur du Nord ». Ses vidéos montrent la beauté de ces instruments oubliés par la plupart de Français.
Les manettes du clavier actionnent les cloches les plus aigues.
« J’ai décidé de m’investir dans la sauvegarde des clochers de France, comme celui de Seclin, car presque personne ne s’y intéresse en ces derniers temps » affirme Thomas. « Ils n’ont pas seulement une importance historique, mais aussi une qualité sonore que nous ne trouvons plus ailleurs ».
Même si Thomas a bien confirmé qu’il ne suivrait pas les pas des anciens carillonneurs de Saint-Piat, Jean-Baptiste et Jean-Francis Mulier, il se dit engagé à « maintenir vivant le patrimoine du clocher » de la collégiale parmi des visites guidées et des concerts sporadiques.
Des prochaines visites seront organisées par l’Office de Tourisme de Seclin aux Journées du Patrimoine en septembre ainsi qu’en octobre pour la Journée du Carillonneur. Contact : 0972 52 85 03