A la rencontre de Louise Sainte-Martine, égérie de l'ancêtre de Bénédicta !
Tous les jours, l'Histoire de Seclin s'enrichit de nouvelles découvertes. Celle-ci, aussi heureuse que fortuite, nous vient de Rouen, et plus précisément de Franck Sainte-Martine... qui n'a aucun rapport avec Seclin. A première vue seulement !
Artiste plasticien et choriste, Franck Sainte-Martine se penche désormais sur le parcours peu ordinaire de certains membres de sa famille, celui d’Octave Pelletier notamment, son arrière-grand-oncle maternel, hypnotiseur, lecteur-censeur lors du premier conflit mondial au Contrôle Postal de Dieppe - un service d’espionnage et de contre-espionnage et... négociant en huiles d’olive à Nice.
Mais c'est en explorant la vie de sa grand-mère paternelle, Louise Sainte-Martine, qu'il découvrit que celle-ci fut l'égérie, le visage, le sourire de l'ancienne vinaigrerie Eeckman, devenue Bénédicta, et maintenant Heinz-Bénédicta. Tout cela sans avoir jamais mis les pieds à Seclin ! Récit étonnant...
Secrétaire d'un publicitaire parisien... et visage d'un fleuron seclinois dans les années 30
Louise Sainte-Martine - Coudard est née en 1915 à Paris. Elle fut embauchée en 1931 par un publicitaire novateur pour l'époque, Roger-Louis Dupuy. De l'âge de seize à dix-neuf ans, Louise travailla comme « secrétaire dactylographe sténotypiste »... mais son élégance et son visage avenant, son sourire éclatant, l'amenèrent à poser pour les photographies de « réclames », comme on disait à l’époque : pour les dentifrices Pyo de Marseille ou bien encore pour Ouest-Lumière de Puteaux, compagnie d’électricité d’avant nationalisation, publicités qui font à présent partie de l’extraordinaire fonds de la bibliothèque d’art Forney de Paris. (cf. photo ci-dessus « Franck Sainte-Martine et bibliothèque d'art Forney de Paris »).
Or, il se trouve qu'en ce début des années 1930, la vinaigrerie de Seclin, tenue par la famille Eeckman depuis 1907, fit appel à Roger-Louis Dupuy pour faire la promotion de « l'huile des Bénédictins », produite, comme le vinaigre, au cœur de la capitale du Mélantois, en face de l'actuelle usine Heinz-Bénédicta, sur le site de l'actuel quartier des Jardins du Moulin.
La marque privilégia un conditionnement en bouteille de verre plutôt qu’en estagnons - bidons en étain - plus traditionnels. En 1911, la famille Eeckmann opta pour le terme « Bénédictin » car un nom de produit lié à la religion était gage de qualité. A l’approche des années 60, la marque se modernisa et soucieuse de suivre son époque, elle prit le risque de changer de nom pour devenir « Bénédicta », suivant ainsi l’élan d’émancipation féminine de l’époque ».
La suite, on la connaît : Bénédicta reste un fleuron industriel qui a forgé l'identité de Seclin... et de notre pays ! C'est la seule usine de France qui fabrique et commercialise la mayonnaise et les sauces que la marque a inventées au fil des années.
Le visage de la vinaigrerie Eeckman et Résistante
L'histoire extraordinaire de Louise Sainte-Martine se poursuivit dans la région de Rouen, où la jeune femme se maria en 1935, et où elle mourra en 1983 après avoir tenu pendant trois décennies une blanchisserie. Mais on retiendra aussi de Louise Sainte-Martine son rôle dans la Résistance iséroise pendant la Seconde Guerre mondiale et qui débuta ainsi : la jeune femme, qui n’avait pas encore trente ans, décida, de sa propre initiative, d’entrer dans la Résistance en apportant à bicyclette des armes aux hommes du maquis de l’Oisans. Arrêtée par les Allemands, elle ne dut sa survie qu’à son sourire et son sang-froid.
Une histoire singulière dans la grande Histoire, avec Seclin comme trait d'union.
