Travail de mémoire/11 novembre
Octavie Duprez : réfugiée à 11 ans, puis porte-drapeau par respect pour les "Morts pour la France"
Seclin commémorera les 10 et 11 novembre 2022 le 104e anniversaire de l'Armistice de la Première Guerre Mondiale, à l'initiative du Maire, François-Xavier Cadart, de Roger Mille, Conseiller délégué aux Affaires patriotiques, et de la Municipalité. Le 10 novembre à partir de 19h au Monument aux Morts de la rue Bonpain, les Anciens Combattants invitent à une veillée d'hommage aux Morts pour la France. Le 11 novembre à 10h30 défilé au départ de l'Hôtel de Ville avec les Anciens Combattants, les élus, les corps constitués, l'Union Musicale, les associations, les citoyen(ne)s, et les collégiens. A 10h45, dépôt de gerbes, lectures, chants, témoignage et discours au Monument aux Morts. En préambule de ces cérémonies fortes de sens, voici le témoignage d'Octavie Duprez.
« En 1940 j’étais âgée de 11 ans »… Ainsi débute le récit d’Octavie Duprez, qui a vécu l’exode lors de la Seconde Guerre Mondiale. Un témoignage historique et inédit qui a été lu le 4 septembre par sa fille, Michèle Delebecque, lors de la commémoration de la Libération de notre ville. Alors que nous rendrons hommage à nos Morts pour la France les 10 et 11 novembre (voir p. 15), voici le portrait d’Octavie, enfant de la guerre, sœur de « Morts pour la France », femme de gendarme, et porte-drapeau des Anciens Combattants.
La discrétion même, la gentillesse dans le regard, l’empathie dans le sourire. Mais le souvenir intact et la détermination à poursuivre, même à 93 ans, le travail de mémoire. Telle est Octavie Duprez, née le 24 avril 1929 à Camphin-en-Carembault, et arrivée à Seclin en 1931 avec sa famille au numéro 96 de l’actuelle rue Roger-Bouvry. Fin mai 1940, quand l’armée nazie arrive à Seclin, Octavie n’est encore qu’une petite fille : « je venais de faire ma communion quelques jours avant », se souvient-elle précisément. « Un dimanche matin, courant mai, la sirène des bombardements a retenti. Nous sommes descendus nous réfugier à la cave comme les consignes nous l’ordonnaient. » S’ensuit l’exode vers Boulogne-sur-Mer dans le camion de l’entreprise de son frère Jo… Sauf que le port est à feu et à sang. Première escale au hasard dans une ferme près de Desvres où la famille peut dormir dans la grange. Le lendemain, et pour 3 semaines environ, une autre escale à Crémarest avec « une famille de fermiers très gentils qui nous ont accueillis et nourris contre quelques petits travaux. Mais pour nous, jeunes enfants, on aurait pu croire que c’étaient des vacances. » Une fois les bombardements terminés à Seclin, retour au bercail… avec une très mauvaise surprise : « notre maison avait été cambriolée, mes parents étaient anéantis », témoigne Octavie, encore heurtée 82 ans plus tard. Sans oublier les deux frères et le cousin tués à la guerre en Allemagne et Indochine le même mois de mai 1945…
Femme de gendarme et porte-drapeau
En 1948, Octavie se marie avec Lucien, de retour de la guerre… Celui-ci devient gendarme en 1954. Une vie droite et réglée qui emmène le couple et ses 4 enfants jusqu’en Guadeloupe. En 1970, c’est le retour définitif à Seclin. En tant qu’ancien gendarme et ancien combattant, Lucien s’implique dans les associations patriotiques de notre ville. Et Octavie le suit dans toutes les réunions car « papa était sourd et c’est maman qui traduisait en quelque sorte », explique leur fille, Michèle. Le travail de mémoire, le respect dû aux « Morts pour la France », et la fidélité à Lucien amènent Octavie à devenir dès 2003 (à la disparition de Lucien) secrétaire et porte-drapeau de l’association des Mutilés et Veuves de Guerre, présidée par Roger Mille. Octavie, désormais accompagnée de Michèle, est de toutes les commémorations. Elle a également transmis ses valeurs à ses 4 enfants, 9 petits-enfants et 13 arrière petits-enfants. Par devoir, par respect, par dignité.