Conseil Municipal : débats tempétueux autour de l’aéroport
Des débats animés autour du projet de modernisation de l’aéroport ont marqué le Conseil Municipal du 21 février. La commune devait notamment donner son avis sur ce projet, qui fait l’objet d’une vaste enquête publique close le 1er mars (l’avis définitif des commissaires enquêteurs sera connu au début du mois d’avril). Les autres sujets débattus étaient : l’adhésion au service national universel, le concours de maîtrise d’œuvre pour la rénovation et réhabilitation de la salle des fêtes en salle de spectacles, ou encore les dépenses liées à la pandémie et au centre de vaccination.
Débat tumultueux sur l’aéroport
Le SMALIM (MEL et Région), propriétaire de l’aéroport, et Aéroport de Lille SAS (ADL – concessionnaire de service public) portent un vaste projet dit de « modernisation » de l’aéroport de Lesquin. Ce projet comporte une mise aux normes de sécurité et une extension qui suscitent de très nombreuses réactions dans les 67 communes appelées à donner leur avis. Parmi celles-ci, les 33 communes du SIVOM Grand Sud de Lille et forcément Seclin, commune siège du SIVOM.
Le débat était donc très attendu, lorsque les élus ont abordé deux points : le rapport d’activités 2021 du SIVOM et l’avis de la commune sur le projet aéroport.
Un débat pour le moins animé, qui vit les 8 élus de l’opposition de Seclin en Commun quitter la salle après de longues joutes oratoires au moment du vote final.
Déjà sur le rapport d’activités du SIVOM présenté par le Maire et Co-Président du SIVOM, François-Xavier Cadart, le ton était donné par Cécile Huart, Perrine Dal, et Eric Corbeaux, élus d’opposition, dénonçant « une absence d’informations et une transparence zéro sur les événements liés à l’aéroport en 2021 ». Un comble pour le Maire qui notait au contraire « un gros travail d’investigation mené par les élus du SIVOM pour décrypter tous les enjeux du projet de l’aéroport » dans la mesure où « à la genèse du projet, en 2019, quand l’ancien Maire était Président du SIVOM et membre du SMALIM, nous n’avions eu aucune information et aucune opposition de sa part à l’extension. »
Pour la mise en sécurité, contre l’extension
Tel est en substance l’avis de la commune voté à la majorité (24 voix pour / 8 élus n’ont pas pris part au vote). Présenté par Olivier Lemaître, Adjoint à l’Urbanisme, à la Mobilité, aux Travaux, et à la Qualité de l’Espace Public, ce texte donne « un avis favorable sous conditions (couvre-feu la nuit, arrêté ministériel pour des amendes aux compagnies, transports en commun en site propre, trajectoires moins impactantes, etc…) pour la mise aux normes réglementaires de sécurité et un avis défavorable à l’extension ». L’élu a souligné que « nous devons lutter tous ensemble, élus, SIVOM, riverains, associations, contre les nuisances actuelles et futures. »
L’opposition souhaitait un avis « clairement défavorable » et mettait également en doute la nécessité de la mise aux normes de sécurité. Benjamin Vandekerckhove estimait que « si l’aéroport n’était pas aux normes, il serait fermé. » Cécile Huart pointait quant à elle « des conditions qui ne sont pas du ressort du pétitionnaire, comme le renouvellement des flottes d’avions » pour que les appareils soient moins bruyants.
Pour Didier Serrurier (Pour Seclin – majorité), l’avis de la majorité est justifié : « nous avons toujours été contre le projet d’extension de l’aéroport, et l’avis présenté par la majorité est conforme. »
« L’état de nos connaissances a évolué »
François-Xavier Cadart, quant à lui, confirme que des évolutions ont eu lieu face à ce projet très complexe : « au départ, nous n’avions que peu d’éléments par rapport à un schéma voté à l’unanimité en 2019 au SMALIM, avant notre élection à la mairie. Nous avons écouté les riverains, les élus, les experts, et le monde économique, et nous pouvons présenter aujourd’hui cet avis éclairé qui va dans le sens de l’intérêt général. » Sur les travaux de sécurité, on peut citer les chemins de ronde, la suppression de la rampe de stationnement, la réorganisation du tri bagages… Des mesures décidées au niveau européen. L’aéroport de Lesquin a eu une dérogation de l’Etat jusqu’en décembre 2025 pour continuer à fonctionner en attendant la fin du processus lié au projet, mais l’aéroport devra faire ces travaux de 13 millions d’euros pour rester ouvert. Enfin, le Maire a indiqué avoir « envoyé une question au Parlement pour que le Ministre des Transports prenne un arrêté, afin de rendre possibles des amendes aux compagnies qui ne respectent pas les règles (horaires, bruit, trajectoires…) »
C’est à ce moment du débat que le ton est monté. Finalement, l’opposition a quitté la séance au moment du vote.
Il est à noter que le SIVOM, réuni le 24 février, a voté une délibération dans les mêmes termes que celle de Seclin, en inversant simplement la présentation de la délibération qui débute par un avis défavorable à l’extension de l’aéroport et se poursuit par un avis favorable sous conditions, uniquement pour la partie mise aux normes réglementaires de sécurité du projet.
Dépenses liées à la COVID et au centre de vaccination
Dans ses communications, le Maire a évalué à 300.000 euros le coût du centre de vaccination du parc Rosenberg pour la Ville. Fidèle à sa culture de la recette, il a indiqué que l’Etat, via l’ARS, pourrait peut-être accorder une aide estimée à 60.000 euros (demandes et échanges en cours). Eric Corbeaux estimait que c’est peu et qu’il faudrait voter une motion pour que l’Etat prenne davantage en charge cet équipement de santé publique.
Adhésion au Service National Universel
Ce service s’adresse aux « jeunes de 15 à 17 ans et comporte un séjour de cohésion et une mission d’intérêt général de 84h dans une association, une administration, ou un corps en uniforme autour de thématiques telles que la défense, le travail de mémoire, la sécurité, la solidarité, l’éducation, la culture, le sport, l’environnement, la citoyenneté. » Seclin pourrait donc être ville d’accueil pour un ou plusieurs de ces jeunes en SNU. Rachel Pellizzari, pour l’opposition, est d’accord pour parler de solidarité, mais les méthodes employées lors du SNU sont selon elle discutables, pas très pédagogiques. De plus, elle estime que le SNU touche davantage les jeunes favorisés. » L’opposition s’est abstenue.
Rénovation et réhabilitation de la salle des fêtes en salle de spectacles
Il s’agit d’un projet très important en cœur de ville sur un bâtiment art déco des années 1930, signé Mollet. Le projet est évalué à 4,9 millions d’euros TTC. Les élus ont donc décidé à l’unanimité d’organiser un concours d’architectes avec un jury élargi, afin d’aboutir à un résultat à la hauteur de l’intérêt patrimonial de l’édifice culturel.