Autodidacte de la photographie, Frédéric Delecourt pourrait sans rougir faire la Une du magazine emblématique "Chasseur d'images" tant sa relation avec les animaux sauvages transpire l'amour et le respect de la nature. Découverte d'un "Indien dans la ville !"
Il est 5 heures du matin, la campagne seclinoise s'éveille. Dans la brume, à deux battements d'ailes de héron du canal, une ombre rampe, sans bruit, dans les herbes. Comme un loup, il traque, attend le bon moment, les sens aux aguets.
Derrière ce camouflage endossé de la tête aux pieds se cache Frédéric Delecourt, 58 ans. Dans la vie, vous le croisez dans les rues de la commune. Cet employé municipal travaille à la voirie. Il arpente les dizaines de kilomètres de nos rues, en connaît les moindres recoins. Dans la nature, « Fred » se transforme en limier. « Quand je pars en reportage, j'ai déjà préparé le terrain. Je me suis renseigné auprès des associations, je cartographie, je cherche les traces qui me feront dire que le lieu sera un parfait affût. »
Comme un Sioux d'Amérique du Nord ou un aborigène australien, il fait corps avec la nature. « Je ne mets aucun parfum pour ne pas être repéré et j'attends le bon moment. » Il nous avoue que ce n'est pas lui qui décide du moment, c'est l'animal qui accepte d'être photographié. « J'ai traqué, pendant 2 ans, une renarde. J'ai profité d'une période de neige pour repérer ses traces. Et un beau jour, elle est apparue. Magnifique. C'est elle qui a décidé la photo. »
Un cerf royal dans sa ligne de mire
Quand on demande à Frédéric d'où lui vient cette passion, il se remémore cette libellule croisée dans une exposition photo. Ce fut le déclic. « Avec mon père et mon frère jumeau, nous allions beaucoup nous promener. J'ai toujours été attiré par la nature. » Depuis, cet autodidacte a appris sur le terrain, à chaque rencontre. « Le seul conseil que j'ai pris c'est de travailler ma ligne d'horizon, sourit-il. J'avais une tendance à être un peu bancal. » En 12 ans, il affiche de magnifiques rencontres qui pourraient figurer dans les pages du magazine « Chasseur d'images » de Guy-Michel Cogné. Ici un lièvre sur ses deux pattes prêt à bondir ; là, un faucon fondant sur sa proie ; ou encore des oiseaux colorés qui viennent le narguer, lui le nez dans la terre pour être le plus discret possible. Vous pourrez d'ailleurs croiser l'un de ces petits trublions, une mésange, dans la page l'#Instant Réseaux du magazine numéro 3 (décembre).
Quel est son prochain défi ? « Photographier un cerf. » Une enquête de longue haleine qui rappellera que pour réussir une belle photo, le matériel aide certes, mais rien ne remplacera jamais l'oeil, la patience, la discrétion et la passion.