Ce sont des découvertes extraordinaires pour l'Histoire de notre ville, de notre région, et bien au-delà. Ces découvertes réalisées au printemps dernier dans le cadre de la future transformation de la salle des fêtes en salle de spectacles (juste derrière la Collégiale Saint-Piat), nous les devons aux deux archéologues du Centre Archéologique municipal : Guillaume Lassaunière et Jérôme Tellier.

Des découvertes si importantes que nos archéologues ont été invités à les présenter lors des Journées de l'archéologie des Hauts de France, à Amiens, fin novembre, après des analyses approfondies mêlant Histoire, carbone 14, et anthropologie biologique.

Des marbres précieux dès l'époque romane...

D'abord, des marbres précieux qui témoignent du passé de notre collégiale qui fut d'abord une église romane. « Ces fragments de marbre sont datés autour de l'an 1000, et proviennent de carrières locales mais également des Pyrénées, d'Italie ou de Grèce. Nous ne connaissons régionalement que deux sites archéologiques qui comportent des éléments si précieux à l'époque carolingienne : à Compiègne et Beauvais. Soit les bâtisseurs de l'église de Seclin ont récupéré des marbres issus d'anciens sites de l'époque romaine, soit ils les ont importés. En tout cas, cela témoigne de l'importance de Seclin dans la région déjà à cette époque », souligne Guillaume Lassaunière.

… Et des tombes extraordinairement bien conservées

Autre trouvaille extraordinaire : les tombes du cimetière autour de l'église avec des squelettes et du mobilier dans un état de conservation inédit.

Les archéologues ont pu mettre au jour « pour la première fois à Seclin une tombe mérovingienne, du début du VIe siècle, avec son mobilier : un petit couteau attaché à la ceinture de cuir, et un fermoir d'aumônière dont les deux extrémités représenteraient une tête d’oiseau. »

Les 20 squelettes découverts dans le cimetière réservaient de belles surprises ! Grâce au docteur Philippe Kargol, médecin généraliste et diplômé d'anthropologie biologique de l'université de Bordeaux, on en sait plus sur la vie singulière de nos ancêtres ! Des Seclinois qui ont vécu et sont morts au « XIIe siècle, autour de 1150. Par rapport aux fouilles de 2011, nous avons découvert que l'avènement de la collégiale gothique daterait de la fin du XIIe siècle et non du XIIIe siècle, même si le chantier a perduré jusqu’au début du XIIIe. »

Guillaume Lassaunière décrit trois cas d'école : « un individu qui a été blessé deux fois par arme blanche exactement au même endroit du crâne mais à des dates différentes. Pourquoi ? Est-ce dû à une bagarre, à une opération chirurgicale ? » Mystère...

Ou encore cette autre personne qui présente « une fracture très nette au fémur qui lui a raccourci la jambe de 15 cm ! Il a survécu à cette blessure, mais son handicap devait être sévère et il devait bénéficier d’aide ou d’un appareillage pour se déplacer. »

Pas autant que cette jeune femme de 25 ans qui avait été victime d'une tuberculose pulmonaire et osseuse ayant entraîné un sévère mal de Pott. « On voit bien que 10 de ses vertèbres sont complètement soudées et que la colonne vertébrale adopte un angle inhabituel qui obligeait cette personne à marcher avec le corps plié à angle droit. L’absence d’indices de paraplégie signale qu’elle a vécu avec ce grave handicap jusqu'à 25 ans. C’est la preuve qu'elle a fait l'objet de soins et que les personnes en situation de handicap étaient aussi bien considérées dans la société que les valides, puisqu'ils étaient inhumés dans le cimetière de l'église », fait remarquer l'archéologue, qui va présenter une conférence en 2023 sur le handicap au Moyen Âge.

Au fil des diagnostics et fouilles archéologiques menées par les archéologues municipaux, notre Histoire se dévoile peu à peu : fascinant !

Retrouvez la vidéo consacrée aux résultats de ces découvertes ci-dessous :